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16 septembre 2004

Quand les voleurs visitent les musées, par Christophe Cornevin

Trois semaines après l'audacieux vol en plein jour du Cri et de La Madone de Munch, le 22 août dernier en Norvège au musée d'Oslo, les services de police n'ont retrouvé aucune trace des deux chefs-d'oeuvre. Ces derniers sont invendables en raison de leur notoriété. Le musée, dont le réseau de vidéosurveillance a démontré ses lacunes, a annoncé la semaine dernière son intention de fermer ses portes pendant plusieurs semaines afin de renforcer son système de protection. L'affaire a relancé l'épineuse question de la sécurité du patrimoine culturel et du trafic des oeuvres d'art. Dans ce domaine, la France reste aux premières loges. Théâtre chaque année de 6 000 à 7 000 vols d'objets d'art, elle est le deuxième pays le plus pillé en Europe, après l'Italie. L'année dernière, les vols dans les musées y ont été multipliés par deux.

 Trente-sept musées cambriolés (contre 16 l'année précédente), 467 châteaux ou demeures de caractère pillés, 227 lieux de culte dévalisés, 121 galeries marchandes braquées et 5 859 particuliers dépouillés : le dernier bilan des services spécialisés de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), que s'est procuré Le Figaro, établit que les malfaiteurs sévissant dans l'univers de la culture ont frappé à 6 712 reprises l'année dernière sur le territoire national.

«Le profil de ces voleurs d'un genre particulier est varié, comme en témoigne l'analyse des affaires les plus récentes», note le colonel Roger Lembert, nouveau patron de l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) qui distingue trois grandes catégories. Si elle demeure marginale, celle dite des «collectionneurs compulsifs» retient toujours l'attention des enquêteurs. Outre le cas du descendant d'un aide de camp du maréchal Murat, interpellé l'année dernière après avoir méthodiquement dérobé à travers la France les documents historiques concernant son aïeul, l'affaire la plus retentissante mettait en scène Stéphane Breitweizer, un Alsacien de 32 ans féru d'art et auteur de 174 vols dans les musées et châteaux d'Europe entre 1995 et 2001. L'homme a évoqué sa «passion dévorante» lors de son procès devant une juridiction pénale de la Gruyère, à Bulle (Suisse), qui l'a condamné à quatre ans de prison ferme en février 2003.

L'esthète avait rédigé 500 pages de notes sur sa «collection», amassée pour sa seule jubilation dans sa chambre. Il avait été décrit par un psychiatre comme un personnage immature aux tendances «narcissiques». «Ce sont des cas pathologiques et il nous est très difficile d'interpeller les auteurs, précise Roger Lembert. Inconnus des services, ils sévissent souvent pendant des années, sans jamais remettre leur butin en circulation.»

Autre catégorie, celle des «trafiquants d'occasion» : des voyous nullement spécialisés dans l'art qui se retrouvent en possession de trésors après des braquages improvisés chez de riches collectionneurs. «Faute de relais dans le milieu des receleurs, ils sont un peu comme la poule qui a trouvé une fourchette, explique-t-on à l'OCBC. Ce manque de connaissance peut causer leur perte.» Ceux-là ne sont pas des esthètes et font parfois preuve de sauvagerie : comme ce gang de sept malfaiteurs qui avait séquestré, en mai 2002 à Bréviandes (Aube), une des plus grandes familles de mécènes français. Ligotant propriétaires et gens de maison, menaçant un des enfants d'une arme dans la bouche, un autre d'un canon sur la tempe, ils s'étaient finalement enfuis avec 17 sculptures antiques et 257 tableaux, dont plusieurs signés Picasso, Buffet, Van Dongen, Cézanne ou encore Dufy.

Le 3 novembre dernier, faute d'avoir su écouler le stock sur le marché international, une partie de la bande avait été interpellée en tentant de négocier le butin à Paris.

«Mais dans leur grande majorité, les voleurs agissent au sein de bandes organisées qui répondent moins à une commande précise qu'aux tendances d'un marché qu'ils connaissent sur le bout des doigts, rappelle le colonel Lembert. Les butins sont écoulés en des temps record à des receleurs spécialisés soit dans l'art cultuel, soit dans le mobilier de style, les bronzes ou les pendules anciennes.»

Confrontés à un milieu très organisé, à des équipes de casseurs interchangeables allant de quatre à six personnes, policiers et gendarmes peinent souvent à confondre les suspects et à remonter des filières où se côtoient antiquaires véreux et amateurs peu scrupuleux. Si les chefs-d'oeuvre comme Le Cri de Munch – pouvant tout au plus faire l'objet d'une demande de rançon comme on le ferait avec une star kidnappée – sont non négociables sur le marché, des milliers de biens culturels de grande valeur franchissent clandestinement chaque année les frontières.

«Les routes sont souvent les mêmes, explique un enquêteur. Depuis des années, les Pays-Bas et la Belgique constituent de véritables plaques tournantes où les plus belles pièces sont triées avant d'être acheminées vers les États-Unis ou le Japon par containers. A la différence de la drogue, les meubles et les antiquités sont des produits non prohibés, difficilement détectables par les douanes quand leur provenance est viciée...» Les peintures volées fileraient quant à elles vers l'Italie et la Suisse. Et certains experts n'excluent pas que certaines toiles de maîtres introuvables depuis des années décorent les villas des gros bonnets de la mafia italienne ou russe. Depuis peu, l'OCBC ne cache plus son inquiétude face à l'émergence de nouveaux circuits par Internet ou en direction du bloc des pays de l'Est. Pour l'heure, un cruel manque de traçabilité rend confuse l'identification des biens disparus : selon nos informations, la police ne dispose de descriptions précises et de photographies que dans 18% des cas. Autant dire que les quelque 80% restants ont peu de chance d'être retrouvés.

Des campagnes de sensibilisation sont menées auprès des particuliers pour qu'ils apprennent à noter les signatures, numéros de séries ou encore tout signe distinctif, fût-ce une éraflure. Les forces de l'ordre déplorent qu'encore trop de responsables de petits musées et de lieux de culte notamment fournissent des clichés flous de leurs trésors. Conscients de cette lacune, les pirates du marché de l'art s'engouffrent dans la brèche, peu soucieux des peines qu'ils encourent.

Le recel, en la matière, est pourtant passible d'une peine de dix ans d'emprisonnement et d'une amende de 750 000 euros lorsqu'il est commis en bande organisée ou, rappelle le Code pénal, lorsqu'il est commis avec les facilités que procure une profession. Des dizaines d'antiquaires et de brocanteurs malhonnêtes sont dans le collimateur.

© Le monde

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Commentaires
T
Oui, cela devait être des gamins, pour un petit larcin de cette ampleur... Peut être que cela a choqué la population locale... ou bien la multinationale...
A
Sais pas, mais le journal était indigné :)<br /> Mais j'habite une petite ville, naturellement Oslo connait plus de criminalité, neanmoins pour une capitale, ca reste tres tranquille.
T
Hum, mais de là à mettre un tel événement sur la une d'un journal... quand même... et c'était quoi, un accessoire voire un chapeau ?
A
Oui je confirme les norvegiens sont assez sympathique, et c'est plutot agreable de vivre dans un pays assez confiant. <br /> Anecdocte : premiere page du journal local une fois : "On a vole pour 100 couronnes (environ 80fr) a H&M !!!", c'est assez hallucinant. <br /> Sur ce point c'est assez tranquille la Norvege, excepté pour Munch.
T
hum, c'est vrai, mais bon, les norvégiens sont sympathiques pourtant, au moins ils sont partageurs et non égoïstes, invitant ainsi à la confiance... il est vrai que cretains profitent de cette crédulité, ce qui est bien dommage...<br /> N'oublions pas le vol de 2 diamants, il y a quelques jours à la vu et à la barbe de tous, au Louvre des Antiquaires...
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